En quelques mots, pourriez-vous présenter Cegedim Santé et son service de base de données ?
David de Amorim. Cegedim traite de la donnée anonymisée à large échelle, et ce, depuis cinquante ans. Hébergement, gestion des données, data sciences, tech… autant de formes d’intégration qui comptent parmi nos compétences horizontales. Au service de l’humain, notre entreprise de tech s’adresse aux professionnels de la santé qui sont au service de leurs patients.
Outre son aspect réglementaire, la donnée de santé revêt une dimension psychologique tant pour les patients que pour les médecins. En matière de collecte, nous manions les mécanismes de consentement éclairé, qui permettent aux patients de comprendre comment et dans quelles circonstances leurs données vont être réutilisées. Mais il faut aller plus loin. En tant qu’acteur de confiance, il faut montrer qu’il n’y a pas de zones grises. C’est cette maîtrise souveraine sur l’ensemble de la chaîne des données qui nous caractérise. Plus de 100 000 praticiens utilisent nos logiciels, dont ceux relatifs à la gestion de cabinet et de communication interprofessionnelle. Cette proximité nous permet d’avancer en confiance avec l’écosystème.
"Plus de 100 000 praticiens utilisent nos logiciels, dont ceux relatifs à la gestion de cabinet et de communication interprofessionnelle"
De quel constat a été créé Cegedim Santé ?
Le temps dont dispose le personnel de santé – médecins, infirmiers, soignants – est trop rare. Des logiciels simples peuvent fluidifier leur charge administrative. Avec cette délégation de tâches, le praticien se trouve soulagé. Mais l’optique n’est pas de multiplier les messageries sécurisées entre professionnels de la santé. Nos équipes contactent les médecins pour les assister dans la prise en main. Et par là même, évaluer la pertinence des applicatifs dans leur quotidien. L’intégration à l’usage d’une technique transparente pour le praticien fait qu’il choisira ou non d’y avoir recours. L’interopérabilité va de mise avec l’intégration. C’est d’autant plus simple que nos applicatifs s’intègrent à d’autres systèmes Cegedim. Quatre de nos logiciels sont passés dans le Ségur et nous sommes l’un des accompagnateurs moteurs du dossier médical partagé (DMP).
Concrètement, comment Cegedim a-til contribué à cette prise en main numérique de la santé ?
En 2021, toutes nos filiales spécialisées se sont rassemblées sous l’entité Cegedim Santé. Avec le même élan, nous avons créé Maiia, une plateforme de prise de rendez-vous et de téléconsultation. Le marché avait besoin d’une alternative à Doctolib. Parce que Cegedim savait générer de la donnée et l’exploiter, nous avons pu élaborer des algorithmes pertinents pour les médecins. Par des mécanismes d’engagements différents, il est possible d’optimiser le "no-show" et atteindre les meilleurs taux de remplissage de salle d’attente.
"Parce que Cegedim savait générer de la donnée et l’exploiter, nous avons pu élaborer des algorithmes pertinents pour les médecins"
Quelle est votre approche dans l’élaboration d’applicatifs pertinents ?
Nous abordons une phase charnière où il faut accompagner l’usage avant tout. Nous devons gagner l’appui des professionnels de santé, nos prescripteurs. Paradoxalement, certaines entreprises élaborent des interfaces utilisateurs, pour ensuite échelonner des heures de formation pour leur utilisation. Nous sommes opposés à ce modèle car le médecin doit embrayer et débrayer les outils au cas par cas. Il n’a pas de temps à perdre à s’approprier des systèmes qui n’ont pas été pensés pour lui. Entre nous, nous parlons souvent de "simplexité". Il nous incombe de gérer la complexité, au lieu de la répercuter sur les professionnels. C’est là tout l’enjeu du design d’usage, avec lequel la prise en main des applications est fluide. Demain, le professionnel de santé n’aura qu’une seule boîte à outils digitale, amenée à évoluer en fonction de ses besoins. L’efficacité des applicatifs relève de cette souplesse.
Quels sont les prochains jalons pour Cegedim Santé ?
Nous envisageons d’amener plus de collaborations et de lien avec le « phygital ». Nous voulons favoriser la mise en relation avec des professionnels de santé en rendez-vous ou en instantané, comme lors d’une téléconsultation assistée. Déjà, un programme test a été mis en place dans le Vaucluse, pour mieux appréhender les modèles de financement et de rentabilité relatifs à la téléconsultation et la téléexpertise. À suivre.
Propos recueillis par Alexandra Bui