Après une COP28 de Dubaï qui avait fait grincer des dents, les espoirs de voir la COP29 de Bakou faire mieux étaient minces. Et malheureusement, il n’y aura pas eu de bonnes surprises…
Les COP s'enchainent et ne se ressemblent pas, après Glasgow en 2021, Charm el-Cheikh en 2022 et Dubaï en 2023, il est l’heure pour nous de faire le point sur la COP29, qui se déroulait entre le 11 et 22 novembre à Bakou.
Good COP
Mise en place d’un marché volontaire du carbone
Parmi les rares succès à noter, l’instauration de règles régissant les marchés carbone. En négociation depuis neuf ans, ces dernières viennent remplacer celles adoptées à Kyoto en 1997, devenues depuis inopérantes. Le sujet était particulièrement attendu des pays en voie de développement, qui y voient un moyen de financer leur propre transition. Les détails de l’accord, particulièrement techniques, laissent toutefois certains experts et associations sceptiques. Le mécanisme permettant des échanges entre pays est en effet décrié pour son manque de transparence. Les spécialistes redoutent également qu’il ne bride les ambitions des différents acteurs quant à leurs objectifs de réduction.
L’argent, éternel nerf de la guerre
Comme toujours, la question des financements et du transfert de ces derniers aux pays en voie de développement fut âprement discutée. Les pays riches traînent des pieds pour remplir leurs engagements, et freinent plus fort encore des quatre fers lorsqu’il s’agit d’augmenter les montants prévus. Finalement, la somme de 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 a été retenue, bien moins cependant que les 600 milliards espérés par les pays pauvres. Une somme qui devra être complétée par des financements privés pour atteindre les 1 300 milliards par an d’ici à 2035, somme nécessaire selon les experts de l’ONU. Le texte est d’autant plus décevant que le vivier de pays contributeurs n’a pas été élargi.
La Chine, Singapour, la Corée du Sud ou les pays du Golfe n’auront donc à abonder à ses fonds que de manière volontaire, malgré l’importance de leur poids économique. Parmi les rares points positifs, les pays les plus pauvres et les États insulaires en danger bénéficieront d’un accès prioritaire aux fonds multilatéraux. S'il n'est donc pas au niveau attendu, cet accord à le mérite d'exister alors que nombreux étaient ceux qui craigaient le sommet se conclure sans signature. "J'avais espéré un résultat plus ambitieux - à la fois sur le financement et l'atténuation - pour relever le grand défi auquel nous sommes confrontés", a commenté le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
Bad COP
Une COP à Bakou
Une nouvelle fois, la pertinence d’un sommet mondial sur le climat organisé dans un pays dont l’économie repose essentiellement sur les exportations d’hydrocarbures peut interroger – d’autant plus lorsqu’il est dirigé par un gouvernement autoritaire. Comme à Charm el-Cheikh et à Dubaï, cette COP29 ne fut pas un monument de démocratie participative et de débats publics. Cantonnée aux enceintes officielles de négociation, la conférence n’a pas pu trouver sa place dans la ville. Sans cette COP off, la société civile a été bien plus discrète qu’à l’accoutumée, pour ne pas dire absente. D’une manière générale, avec ses 65 000 participants, cette COP a été bien moins fréquentée que celle de Dubaï, en 2023 (80 000 participants). Les lobbies étaient quant à eux bien présents, avec 1 800 lobbyistes venus défendre la cause des industries fossiles.
Le choix des hôtes en question
Si les COP sont souvent exploitées par les pays hôtes pour des considérations politiques, force est de constater que l’Azerbaïdjan a poussé le bouchon un peu loin. Ilham Aliyev, président dont la famille tient le pays d’une main de fer depuis plus de trente ans, a en effet utilisé le sommet pour régler ses comptes avec ses ennemis, et tout particulièrement le nôtre. Furieux de l’aide apportée par la France à l’Arménie, opposée à l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh, il a multiplié les sorties incendiaires sur la Nouvelle-Calédonie, où les services azéris mènent des opérations d’influence et de déstabilisation ces dernières années. Il a par ailleurs fortement critiqué les pays occidentaux, consommateurs d’énergies fossiles, et qualifié le pétrole et le gaz de « don de dieu ». Résultat, de nombreux hauts dignitaires européens, la ministre de l’Écologie Agnès Pannier-Runacher en tête, ont choisi de faire l’impasse sur la conférence.
La sortie des énergies fossiles oubliée
Murmurée du bout des lèvres l’an passé, la sortie des énergies fossiles est cette fois-ci complètement passée à la trappe. Le résultat d’une bataille acharnée que les pays producteurs d’énergies fossiles, menés par l’Azerbaïdjan, ont visiblement gagnée : la seule mention de cette sortie figure dans les résumés du texte adopté en 2023… Pas non plus question de renforcer la mise en œuvre des engagements pris à Dubaï, l’Union européenne n’ayant pas réussi à obtenir un suivi annuel des efforts de transition vers les énergies renouvelables.
Les attentes autour de cette COP29 étaient assez faibles, et le résultat s’est révélé encore plus décevant que prévu, même si le prolongement des négociations a permis la signature d’un accord. Alors que le réchauffement climatique continue de s’accélérer, il ne reste plus qu’à espérer que la prochaine édition, qui se déroulera entre les 10 et 25 novembre à Belém, sera plus productive. Le Brésil de Lula, touché de plein fouet par la déforestation et le changement climatique, devrait sans nul doute être un organisateur bien plus motivé.
François Arias