Le secteur du bâtiment représente entre 30 % et 40 % des émissions mondiales de CO2 et la production de ciment 5 % à 7 % à elle seule. Une fatalité ? Pas pour la société vendéenne Hoffmann Green Cement qui a développé un procédé industriel unique. Preuve que même les secteurs d’activité les plus polluants peuvent se réinventer.

L’aventure industrielle commence par une rencontre. En mars 2014, David Hoffmann, scientifique expérimenté et sensible aux défis environnementaux, croise la route de Julien Blanchard, entrepreneur-né déjà à la tête de deux sociétés vendéennes. De là éclot l’idée de mettre au point et de fabriquer à l’échelle industrielle des ciments nouvelle génération, présentant une empreinte carbone significativement réduite par rapport au ciment traditionnel dit "Portland", formulé pour l’essentiel à partir de déchets issus de l’industrie. Rapidement, ils fédèrent de nombreux partenaires et l’équipe se met en quête d’un terrain susceptible d’accueillir un site de production qui érige en priorité le respect de l’environnement et les principes de l’économie circulaire.

En dix-huit mois seulement, le site est monté et inauguré le 22 novembre 2018 en présence d’élus locaux, régionaux et nationaux. Un soutien des pouvoirs publics, bien conscients de l’importance de cette innovation, qui ne se démentira pas. Labellisée Horizon 2020 pour la Recherche et l’Innovation en Europe, Hoffmann Green rejoint l’ambitieux Programme d’investissements d’avenir. En octobre 2019, l’entreprise passe un nouveau cap en réalisant une levée de fonds record de près de 75 millions d’euros sur le marché Euronext Growth Paris, débouchant sur le lancement de deux nouveaux sites de production afin de porter la capacité de production à 500 000 tonnes par an en 2024.

Résilience

Voilà pour la success-story. Mais revenons à l’innovation. Grâce à son procédé industriel d’activation à froid, Hoffmann Green permet de diviser par six les émissions de CO2 comparé au ciment traditionnel. Une technique qui favorise par ailleurs l’économie circulaire, puisqu’elle a recours à des ressources locales et à des co-produits issus de l’industrie. Au-delà de l’impact environnemental, cela constitue aujourd’hui un avantage compétitif pour l’entreprise, plus résiliente face aux aléas du marché : "Nous maintenons nos prix, voire nous les baissons sur certains projets stratégiques. Le groupe très peu sensible au prix de l’énergie qui représente 2 % de nos coûts d’exploitation contre 20 % chez les cimentiers traditionnels. En outre, nos trackers solaires nous permettent d’être autonomes à 50 % sur nos sites industriels." Dans le même temps, les cimentiers traditionnels ont augmenté leurs tarifs de l’ordre de 30 %. Résilient on vous dit.

Horizon dégagé

Premier cimentier européen aligné avec la taxonomie verte européenne, Hoffmann Green ambitionne d’accaparer 3 % de parts de marché en France grâce à ses trois sites de production offrant chacun un accès maritime ou terrestre facilitant la réception de matières premières et l’expédition de ses ciments. Le groupe vient d’ailleurs d’annoncer la signature d’un contrat de fourniture de ses ciments décarbonés incluant un engagement de volumes d’environ 20 000 tonnes réparties jusqu’en 2027, avec le Groupe Ogic, acteur français majeur de la promotion immobilière. De quoi contribuer à cimenter sa réussite.

Antoine Morlighem

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