Les nouvelles environnementales sont rarement bonnes, aussi faut-il savoir savourer la moindre victoire. En l’occurrence, la baisse des émissions de gaz à effet de serre dans l’Hexagone, plus importante que prévu, constitue l’occasion de se réjouir.

En 2023, les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 5,8 %, un chiffre d’un point supérieur à ce que prévoyaient les premières estimations, en mars. L’amélioration est donc nette par rapport à 2022, où les émissions n’avaient diminué que de 2,8 %. Un bilan qui permet donc à la France de rentrer dans les clous en prévision de son objectif de neutralité carbone d’ici à 2030 : celui-ci nécessite une baisse annuelle de 5 % par an.

Des progrès à nuancer

À y regarder d’un peu plus près, plusieurs tendances se dégagent. En premier lieu, il s’avère que le secteur de la production d’électricité sert de locomotive à la diminution des émissions : il a émis 17,9 % de gaz à effet de serre en moins qu’en 2022. Une baisse importante qu’il faut cependant nuancer. Elle s’explique en effet par plusieurs facteurs : outre la baisse de la consommation énergétique qui s’installe dans la durée et l’essor relatif des renouvelables, 2023 a surtout été marqué par la remise en ligne de nombreux réacteurs nucléaires, jusque-là en maintenance. EDF a donc pu limiter l’usage des centrales thermiques, bien plus polluantes.

Avec une baisse de 9 % de ses émissions, l’industrie fait partie des « bons élèves », même si le ralentissement de l’activité économique semble expliquer la majorité de cette performance. C’est particulièrement frappant en ce qui concerne le bâtiment, avec -7,3 % pour l’industrie du ciment.

De leur côté, les mauvais élèves comptent dans leurs rangs le transport routier, qui a produit seulement 3,4 % de gaz à effet de serre en moins qu’en 2022, alors même qu’il représente un tiers des émissions nationales. Mais le bonnet d’âne revient au transport aérien international, qui voit ses émissions flamber de 16 %. Remarquons cependant une légère baisse (-3,4 %) des émissions dues aux trajets aériens intérieurs, conséquence directe de l’interdiction des vols de courte durée au printemps 2023.

Des puits de carbone à sec

Malgré la baisse des émissions elle-même, un point noir ressort de ce bilan annuel : les sols et les forêts ont moins bien capté le CO2 dans l’atmosphère. Les sécheresses à répétition, couplées ces dernières années à des campagnes de coupe particulièrement intenses, ont réduit le volume des captations à environ 20 mégatonnes de CO2 par an, alors qu’elles atteignaient les 40 mégatonnes annuelles dans les années 2000. Résultat : si les réductions d’émissions sont conformes aux objectifs fixés, le budget carbone total de la France n’est pas respecté du fait de captations moins efficaces.

Selon le Citepa, association chargée par le ministère de l’Écologie de faire l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre, il faudra donc revoir les plans et accélérer encore plus la baisse des émissions pour respecter l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2030.

François Arias

 

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