Plus efficace et mieux ciblée que la chimiothérapie, l’immunothérapie a permis des avancées significatives ces dernières années. Mais, l’union fait la force, et la combinaison de deux approches apparaît comme la voie à suivre pour maximiser les résultats dans la lutte contre le cancer.
En stimulant le système immunitaire pour cibler spécifiquement les cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines, l’immunothérapie permet une approche plus ciblée que la chimiothérapie. En associant les deux, les chercheurs identifient de nouvelles solutions pour améliorer les traitements contre le cancer. C’est ce qu’illustrent plusieurs études présentées lors du congrès annuel de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) en septembre 2024.
L’étude Keynote-522 a démontré l’efficacité de l’ajout du pembrolizumab, un traitement immunothérapeutique, à la chimiothérapie avant la chirurgie (ce qu’on appelle le traitement néoadjuvant), suivi de son administration seule après l’opération (on parle alors de traitement adjuvant). Cette approche a permis de réduire le risque de récidive ou de progression de la maladie chez les patients à haut-risque atteintes de cancer du sein triple négatif. À cinq ans, le taux de survie globale atteint 86,6 % chez les patientes traitées avec le pembrolizumab, contre 81,7 % avec la chimiothérapie seule. La survie sans événement est également améliorée, atteignant 81,2 % avec cette combinaison. Ces résultats font de cette association thérapeutique un nouveau standard de soins pour les cancers du sein de stade II ou III, sans métastases.
Des bénéfices avérés pour des cancers variés
Dans le cadre du cancer de la vessie infiltrant le muscle, l’étude internationale Niagara a mis en évidence que l’ajout du durvalumab, un autre traitement immunothérapeutique, à la chimiothérapie améliore les perspectives pour les patients. Ce protocole, complémentaire de la résection chirurgicale destinée à éliminer la tumeur, réduit le risque de rechute ou de progression de 32 % et le risque de décès de 25 %. Ce traitement, bien toléré et avec des effets secondaires comparables à ceux de la chimiothérapie seule, constitue une avancée encourageante pour offrir de meilleures chances de survie.
Dans le domaine du cancer du poumon dit "non à petites cellules" métastatique, qui touche plus de 15 000 personnes chaque année en France, l’étude de phase 2 Relativity-104 a évalué l’association de deux immunothérapies, le relatlimab et le nivolumab, associées à une chimiothérapie. Cette combinaison a montré qu’elle augmentait et prolongeait la réponse antitumorale, suggérant un bénéfice clinique pour ces patients. Selon le professeur Nicolas Girard, chef du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie et investigateur principal de l’essai clinique, une étude de phase 3 sera prochainement lancée pour évaluer cette approche auprès d’une plus large cohorte de patients.
Bientôt un traitement contre la cachexie ? Outre les avancées de traitements d’immunothérapie, des progrès notables dans les soins de support ont également été rapportés lors du congrès de l’ESMO. L’essai de phase 2 PROACC-1, publié dans le New England Journal of Medicine, ouvre la voie au développement d’un traitement contre la cachexie, une complication fréquente chez les patients atteints de cancer. Cette affection, caractérisée par une perte de poids involontaire, une diminution de la masse musculaire et une altération de l’état fonctionnel, pourrait être mieux prise en charge grâce à ce nouveau médicament, marquant une avancée importante dans l’amélioration de la qualité de vie des patients. |
Pierre Derrouch