Alors que des prédictions vieilles de vingt ans se matérialisent, la sécheresse hivernale succède aux incendies estivaux, comme si les éléments s’étaient réunis l’été dernier pour mettre en application les promesses du Giec. Et l’exécutif de réagir…

La France a connu ces dernières semaines un épisode de sécheresse singulièrement long laissant craindre, sans précipitation compensatoire sur les mois à venir, une situation critique à l’été. La période allant de septembre à mars joue habituellement le rôle de recharge en humidité pour des sols, nappes souterraines et rivières déjà largement affectées par l’aridité de l’été 2022. Le constat est accablant : chaque année, un peu plus de feu dévore nos forêts et un peu moins d’eau les hydrate.

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Réaction/Action

Après la sobriété énergétique place aux restrictions d’eau. Dans un entretien pour l’AFP, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a appelé les préfets en charge de la gestion de l’eau, à "ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des arrêtés" de restriction d’eau arguant que l’été dernier "nous avons eu jusqu’à 700 communes qui ont été concernées par des problèmes d’eau potable. Si on ne prend pas de mesures en amont, on prend le risque d’avoir un chiffre encore plus élevé l’été prochain et sur des territoires plus vastes. " Et d’ajouter : "Ne pas prendre de mesures de restrictions aujourd'hui, quand on voit l'état des nappes et des cours d'eau, ce serait totalement irresponsable." Quand il n’y a plus de paix, on relance l’armée, quand il n’y a plus d’énergie on relance le nucléaire, quand il n’y a plus d’eau on relance les restrictions. Le gouvernement invente l’anticipation a posteriori ou quand gouverner c’est prévoir mais trop tard. Faute de stratégie claire et de directives ambitieuses, c’est par la privation que nous sommes tenus de nous adapter. Si l’inédit devient la norme, la retenue devrait remplacer l’étonnement permanent et la contrainte se substituer à la planification. À défaut d’être eux-mêmes proactifs, les membres du gouvernement nous demande d’être réactifs.

Chaque année, un peu plus de feu dévore nos forêts et un peu moins d’eau les hydrate

Prévision post-apocalyptique

Cette politique de la réaction ne touche pas que notre ministre de la Transition écologique. "Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ?" avait interrogé Emmanuel Macron le 31 décembre dernier lors de ses vœux télévisés. Décrié par une multitude d’experts, d’opposants politiques, d’ONG et de gens qui ont déjà ouvert un journal une fois dans leur vie, le locataire de l’Elysée a finalement soutenu avoir été "mal compris" ce qui est moins grave que de s’être mal exprimé, précisant que la crise climatique avait été "plus vite que prévu". Malgré tout, gouverner c’est prévoir et ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. À sa rescousse, Agnès Pannier-Runacher avait assuré sur France 5 que notre président ne découvrait pas le réchauffement climatique s’exclamant : "Qui aurait pu prédire les feux à Brocéliande ? Qui aurait pu prédire les mégafeux tout près d’Arcachon ?" En cloisonnant le problème à l’échelle de la forêt, on en oublierait presque qu’il est global, que la crise climatique est mondiale. Si d’aventure un ouragan frappait l’Indre-et-Loire, se questionnerait-on sur la goutte d’eau qui serait venue s’écraser sur la narine gauche d’une habitante de Joué-lès-Tours ? 

Aujourd’hui, l’on découvre les problèmes dix ans après qu’ils nous aient été désignés et l’on commencera vraisemblablement à les traiter dans dix ans. Le seul point positif réside dans le fait que nos dirigeants sont censés être autant concernés que nous par le dérèglement climatique. S’il y a si peu de crashs c’est parce que les pilotes risquent eux aussi leur vie.

Alban Castres

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