Décideurs. À partir de quels constats est né la start-up Hoppen en 2011 ?
Matthieu Mallédant. Mon intérêt pour le monde de la santé est né à la suite de l’hospitalisation d’un ami plusieurs mois durant. Nous étions alors en 2007, l’Internet mobile était loin de s’être généralisé et les journées à l’hôpital étaient longues. C’est là que l’idée a germée : pourquoi ne pas mettre en place une offre de services digitalisés pour les patients hospitalisés ?
Fort de mon parcours dans l’ingénierie des réseaux sans fil et des logiciels embarqués puis dans la gestion de projets, nous avons créé en 2011 avec mon associé, Sébastien Duré, la société Télécom Santé, devenu en 2018 Hoppen, spécialiste de l’hôpital digital.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la digitalisation des établissements de santé ?
Malgré une dynamique positive, le secteur accuse un certain retard. Force est de constater un décalage d’une dizaine d’années environ entre la sphère personnelle et la chambre d’hôpital ! Si dans la vie de tous les jours, nous sommes multi-écrans et multi-sources avec une incroyable quantité de contenus disponibles via différentes plateformes. À l’inverse, dans 80% des chambres d’hôpital, les patients n’ont accès qu’aux chaînes de la TNT. Par ailleurs, lors d’une hospitalisation, les patients ne viennent généralement pas avec leurs appareils personnels, hormis leur smartphone dont la taille n’est pas adaptée au visionnage de films.
"Dans 80% des chambres d’hôpital, les patients n’ont accès qu’aux chaînes de la TNT"
Dans le même temps, aujourd’hui, les établissements de santé ont l’impression de se digitaliser en faisant du dossier médical informatique qui, en réalité, s’apparente à un travail de numérisation et de dématérialisation, sans résoudre les vraies problématiques inhérentes à l’optimisation du parcours du patient et du quotidien du soignant. Pire : cela peut être contre-productif car les ergonomies de ces dossiers médicaux ne sont pas intuitives et font perdre du temps.
La croissance d’Hoppen a-t-elle débuté dans le public ou le privé ?
Elle a débuté dans le privé car nos solutions mêlent image de marque, économie et bien-être du patient, en outre, dans le privé, il est plus facile d’être en contact direct avec le responsable qui détient le pouvoir de décision pour ce type d’investissement. Dans le public, c’est très différent, les process sont plus lourds.
Quelles solutions proposez-vous ? À quels enjeux répondent-elles ?
Nous proposons à la fois des solutions digitales pour améliorer le quotidien des patients en chambre mais nous optimisons aussi le quotidien du personnel en éliminant les tâches non soignantes récurrentes et sans valeur ajoutée.
En 2014, nous avons ajouté des applications métiers sur les interfaces tactiles présentes dans les chambres qui peuvent être, soit réalisées par le patient lui-même (questionnaire de satisfaction, recueil du consentement, éducation thérapeutique), soit par les métiers eux-mêmes que l’on digitalise, notamment avec un logiciel de traçabilité du bionettoyage, ou encore l’accès au dossier informatique, où l’information est transmise en temps réel aux bonnes personnes. Résultat : nos solutions permettent aux infirmières de passer de 35% de leur temps devant les patients à 55% et de 6km parcourus dans les couloirs à 4km.
Propos recueillis par Anne-Sophie David