La start-up française, spécialisée dans l’alimentation durable grâce aux insectes, vient de lever 160 millions d’euros. Un beau tour de table dans le contexte de marché actuel qui n’ira pas toutefois sans un recentrage des activités de l’entreprise.
Beau tour de table pour Ynsect. La start-up française spécialisée dans l’alimentation durable grâce aux insectes vient d’annoncer une levée de fonds de 160 millions d’euros. Une enveloppe qui, ajoutée aux montants déjà réunis depuis sa création een 2011, lui permet d’atteindre les 625 millions d’euros collectés. Et les bonnes nouvelles ne devraient pas s’arrêter là puisqu’une deuxième opération pourrait avoir lieu d’ici à la fin de l’année.
La rentabilité, nerf de la guerre
Ynsect a réussi un tour de force dans le marché actuel. Au premier trimestre, le financement des start-up françaises a baissé de 73 % par rapport à la même période en 2022, notamment car les fonds américains misent moins sur les entreprises hexagonales mais aussi parce que les investisseurs regardent désormais autant voire davantage la rentabilité que la croissance.
"Notre motto, c’est d’atteindre la rentabilité au plus vite"
Pour sa part, Ynsect affichait en 2021 un chiffre d’affaires de 17,8 millions d’euros et une perte nette de 36 millions d’euros. "Notre motto, c’est d’atteindre la rentabilité au plus vite", confie Antoine Hubert, cofondateur et CEO de l’entreprise, aux Échos. Une nécessité pour assurer l’avenir de l’entreprise, d’autant que, selon les informations du quotidien, la valorisation de l’entreprise aurait été revue à la baisse lors de la dernière levée de fonds. À noter que la start-up n’a pas révélé les noms des actionnaires qui ont remis au pot ou sont venus rejoindre son capital.
Nouvelle dynamique
Afin de prendre un nouvel élan, Ynsect se restructure. La start-up entend se concentrer sur l’alimentation des animaux de compagnie, qui représente la majorité de ses revenus, précisent Les Échos, ainsi que sur l’alimentation humaine et les fertilisants pour plantes. En revanche, l’entreprise lève le pied sur les ingrédients pour les élevages de poissons et volailles. "Dans un contexte d'inflation sur l'énergie et les matières premières, mais aussi sur le coût du capital et de la dette, nous ne pouvons pas nous permettre d'investir des ressources considérables sur les marchés les moins rémunérateurs (alimentation animale), alors qu'il existe d'autres marchés où la demande est forte, où les rendements sont bons et les marges meilleures", précise à Reuters, Antoine Hubert.
Pour mener à bien son plan, Ynsect va devoir fermer son site de production aux Pays-Bas, supprimant 35 postes opérationnels. Les équipes de R&D y seront, elles, maintenues. En France, l’entreprise lance un plan de départ volontaire concernant 38 emplois, en majorité des fonctions support. Toutefois, Ynsect envisage de recruter une quarantaine de personnes cette année sur des métiers pour lesquels elle a besoin de forces vives.
La start-up doit continuer à évangéliser le marché. Si les insectes d’élevages broyés permettent de proposer des protéines plus respectueuses de l’environnement - puisque leur culture nécessite notamment moins d’eau et émettent moins de CO2, le message a encore un peu de chemin à parcourir. Ynsect se donne également comme objectif de développer son usine près d’Amiens malgré les difficultés. En lui confiant des capitaux, les investisseurs montrent qu’ils sont convaincus que le jeu en vaut la chandelle.
Olivia Vignaud
